(L1) A vous de montrer vos talents !

Lune du Printemps de l'Espoir,
28ème jour, après-midi
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Après deux jours d'entraînement, il était temps de passer à l'évaluation. Les juges, attablés devant un buffet bien rempli de souris à l'orange et autres mets succulents, se préparaient à recevoir les douze tributs pour les évaluer et leur attribuer une note sur 20. Galewen arriva à l'heure, comme toujours, et s'installa à la place qui lui était réservée, aux côtés des autres juges. Tous n'attendaient que son signal pour commencer l'évaluation. Elle prit néanmoins le temps de saluer chaque juge, avant de s'adresser au chat chargés d'amener les tributs.

Nous commençons.

Sans attendre sa réponse, elle s'installa, prête à recevoir Esprit Divin...

Spoiler:

Un chat, enfin, si l'on pouvait l'appeler ainsi, avec son pelage peinturluré et ses pattes refaites, enfin un chat vint me chercher tandis que j'attendais au milieu des autres tributs. Je me retrouvai donc dans une salle avec, en face de moi, quelques juges, à peine une dizaine, qui me regardaient. Enfin, ils ne me regardèrent pas longtemps, car, au bout de quelques battements de queue, ils se détournèrent de moi, focalisés sur l'norme tas de souris aux couleurs étranges posées devant eux. Je me retins de soupirer, découragé par leur indifférence. Je m'approchai plutôt du stand des plantes pour leur montrer mes talents de guérisseur. J'hésitai un instant, risquai un regard du côté des juges. Quelques uns me regardaient, mais ces quelques marques d’intérêt me donnèrent du courage pour la suite, et je présentai rapidement différentes plantes aux juges. Je m'enduisis ensuite d'un mélange d'autres plantes afin de me camoufler, compétence apprise rapidement à l'entraînement, bien que je sois médiocre dans ce domaine... Je terminai par une démonstration avec l'orbe shuriken, que je maniai très mal, et qui acheva ma minable représentation. Je tentais bien de rattraper rapidement le coup avec une démonstration de mes capacités en combattant, qui n'étaient pas trop nulles, mais très vite la fin de mon évaluation sonna. J'espérais gagner des points avec les plantes, mais que pouvais-je faire d'autre, en tant que guérisseur ? Je m'étais entraîné longtemps au combat, sans résltat probant. Je quittai donc la salle en silence, découragé...

J'allais mourir, très bien. Mais j'étais décidée à leur en mettre plein la vue, à ces sales matous prétentieux.
Quand je vis Esprit Divin partir vers la salle d'entraînement, je sentis mes muscles se tendre. J'étais là, j'tais encore vivante, j'avais ma chance. Et j'étais prête à les épater.
Apparemment, l'évaluation du guérisseur de mon clan fut courte, en tout cas j'en eu l'impression. Lorsqu'un chat, lui aussi peinturluré de façon à ne ressembler à rien, vint me chercher, je relevai la tête, prête à affronter les juges. J'entrai d'un pas décidé dans la salle, et me plantai devant mes spectateurs un long moment, les fixant du regard, jusqu'au obtenir leur attention. Intrigué, ils me regardèrent me déplacer lentement, jusqu'au simulateur de combat, et je m'y engouffrai sans une hésitation.
J'avais un certain talent dans la mise en scène, restait à démontrer ma valeur...
Je me jetai aussitôt sur le premier chat qui venait. Je le terrassai facilement, et, confiante, je m'attaquai au second adversaire, un peu plus coriace. Il réussit à me coincer en dessous de lui, mais un bon coup de griffe le fit basculer, mort.
J'avais beau savoir que ce n'était qu'un simulateur, la perspective de tuer me donnait des frissons... Et me fit réagir quelques secondes trop tard face au troisième adversaire, qui me battit facilement.
Consciente de mon échec mais gardant mon air confiant, je manipulai deux orbes, puis je saluai et m'en allai, ne sachant que penser de ma démonstration...

J'avais ma chance.
Voilà ce que je devais me dire. Je m'étais si bien préparé pour cet entraînement ! Mon pelage soigneusement entretenu soulignait ma musculature, de même que ma posture assurée.
J'avais enfin décidé quel serait mon profil : Moi, la force tranquille capable de mettre un guerrier à terre en quelques instants, j'allais épater le clan Suprême !
Je tentai de ne pas penser à ce que mon clan penserait de moi, lorsque je tuerait dans l'arène, conformément au rôle que je m'étais donné. Pour l'instant, je voulais simplement survivre, et revenir en héros..
Le guérisseur partit, et je lui adressai, malgré moi, un signe de tête. J'avais bien trop de respect envers les guérisseur pour le considérer comme un ennemi. Mais une fois dans l'arène, garderais-je mes valeurs ?
L'apprentie fut appelée, et, la tête haute et le poitrail gonflé, vint fièrement à la rencontre des juges. Elle ne devait pas impressionner beaucoup, mais son audace serait peut-être appréciée. Peut-être...
Puis vint mon tour. Confiant, je tâchai de coller à mon rôle, et offris aux juges un masque calme et impénétrable.
Je me dirigeai vers les pièges, et, m'étant un peu entraîné, en confectionnai un en quelques coups de pattes et de crocs. Fier de ma démonstration jusque là, je montrai également mes quelques connaissances en matière de plantes, puis je m'exerçai rapidement aux orbes. J'avais décidé de garder le meilleur pour la fin... Je m'engouffrai sans crainte dans le simulateur de combat, et battit facilement les dix premiers adversaires, avant que les juges ne me congédient.
M'avaient-ils regardé ? Absorbé par ma démonstration, je n'y avait pas fait attention. Mais, sans laisser paraître mon trouble, je m'inclinai et sortit de la salle. Je ne doutais pas de mes capacités, mais les juges m'avaient-ils au moins jeté un regard ? ...

Je peux y arriver, il faut juste que je m'en donne les moyens! La peur engourdissait mes membres encore épuisé de l'entrainement d'hier qui avait été très fatiguant. Pourtant ma tête était haute, regardant les autres joueurs avec dédain et supériorité. Ils pouvaient me détester comme m'apprécier je m'en fichais. Tout ce qui comptait en ce moment était ma survie, puis celle de Museau de Pluie mon ami et partenaire. Le guérisseur du clan des Flammes Ardentes fut appelé en premier, il partit et quelques minutes après il revint. Puis se fut au tour de l'apprentie plutôt jolie et avec une envie de gagner qui se sentait. Mon coéquipier de clan, Cœur de Forêt, dut y aller aussi et quand il revint, un sourire s'étendait sur son museau.
Un grand chat arriva pour m'emporter avec lui sur un territoire inconnu à es yeux. Une immense salle! Ici et là se tenait du matériel pour montrer nos compétence au juges impitoyable et cruel des jeux. Je ne pus retenir mon dégout pour ces chats et je sentis ma haine grimper en moi. Il fallait que je me calme pour ne pas les attaquer sauvagement. Mon double me parlais mais je l'ignorais pour me diriger vers les orbes. L'arc en pattes, je me mis à tirer. Trois flèches sur six arrivèrent à l'endroit parfait, en plein cœur. Une seule n'arriva pas à destination. Puis je m'attelait aux plantes. Je séparais  les plantes comestibles des plantes toxiques et dangereuses. Ayant fini de ce côté-ci, je me tournais vers le simulateur de combat. Je sentis mes pattes trembler mais je n'y fit guère attention. Je pénétrais à l'intérieur puis je  vis un chat arriver en courant. Je luis sautait sur le dos et le griffais. Il s'écroula sous mes coups de pattes. Je sentis un coup arriver sur mon arrière train et je fus attiré en arrière. LE chat me bondit dessus et je me retrouvais sur le dos,  emprisonnée entre ses pattes puissantes. Sentant ma fin arriver, je me débâtis et mon  double pris le contrôle de mon corps. D'un puissant coup de patte, j'envoyais valser le gros matou contre la parois du simulateur. Je ne métrisait plus. Mais finalement le troisième chat me cloua au sol et mon combat pris fin. Je ressortis du simulateur et de la salle sans un regard pour les juges. La haine de mon  double était toujours présente et je préférais sortir de cet horrible lieu plutôt que faire quelque chose de stupide.

C'était le jour de l'évaluation. Ce pourquoi nous nous étions tant entrainés allait enfin se produire. Je regarda patiemment les autres partir dans la salle d'évaluation, attendant sagement mon tour, la queue autour des pattes. La dernière à partir était une belle chatte noire aux yeux étranges, et quand elle revint, la peur me nouait déjà le ventre. Un grand matou m'accompagna jusqu'à la dite salle et j’entrai, ne sachant à quoi m'attendre. Les juges étaient postés à un endroit propice de la salle, en hauteur. J'aperçus le simulateur de combat et m'y engouffra, sans attendre que les juges me regardent. Je me retrouva dans une grande salle blanche et un matou brun apparut devant moi. Il me cloua au sol mais je fût plus rapide et lui asséna un coup de griffe dans le cou, se qui le tua net. Un autre matou se matérialisa derrière moi et il n'eut pas fait un pas que je lui avait déjà mordu la nuque avant de le clouer au sol. Je battis comme ça une dizaine d'ennemis, mais me fît tuer quand deux chats de la taille d'un renard me clouèrent au sol avant de m'asséner des dizaines de coups de griffes dans le ventre. Je fût renvoyé d'où je venais: dans la salle d'évaluation. Les juges chuchotaient tout en me regardant et me suivirent du regard lorsque je me dirigea vers les orbes. Je pris celle qui me semblait la plus appropriée: l'orbe shuriken. Je réussis à en lancer quelques uns sans grande réussites mais parvint tout de même à en coincer deux ou trois dans la tête du mannequin. Deux shurikens n'avaient atteint que le mur. Sûrement une erreur qui me serait fatale pour ma note finale. Les juges me regardèrent toujours lorsque je leur présenta quelques pièges appris à l'entrainement, et après ma piètre évaluation, je sortis de la salle, peu confiant. Les juges n'avaient pas eu l'air emballés par ma présentation et je passa la porte les oreilles tombantes. Comment allait s'en sortir le deuxième tribut ? J’espérais qu'il allait être plus convaincant que moi...

Nuage de l'Aube était une bonne comédienne. elle arrivait à faire croire plein de choses aux chats les moins crédibles. Elle était volontaire, rapide et vive d'esprit. Mais elle manquait de force. Là, elle devrait jouer serré. Elle ne devait pas avoir une note catastrophique qui lui enlèverait des sponsors, mais pas une trop bonne note qui amènerait les autres tributs à la tuer rapidement dans l'arène.
Elle tressaillit lorsqu'on appela son nom. Nuage de l'Aube. Elle se leva lentement. Elle n'avait pas beaucoup travaillé ni réfléchis à ce qu'elle voulait faire. Elle s'était dit que l'improvisation était le mieux, dans ces conditions.
la salle était grande, bien aménagée et on y voyait toute sortes d’armes. Ne pas hésiter. il fallait pas montrer de signe d'hésitation. La jeune chatte argentée s'élança vers les immenses arbres à chats pour les grimpeurs. Elle bondit le plus haut possible et s'accrocha de toutes ses griffes au bois.
Elle grimpa le reste faux tronc en un rien de temps et s'avança à petits pas rapides sur une poutre fine. Au bout, elle bondit pour atterrir en chancelant sur une petite plate-forme. Puis elle sauta dans le vide. Ses pattes arrières touchèrent le bord d'une plate-forme, elle s'en servit pour prendre de l'élan et bondir vers une échelle. Elle passa entre le barreaux et atterrit au sol avec souplesse. Elle avait eu de la chance. D’habitude, elle ne réussissait pas ces acrobaties. Se dirigeant vers les orbes, elle tenta d'en manier une, si elle réussi à bander l'arc, fatiguée par ses acrobaties, elle fit un tir pitoyable. Puis elle quitta la salle en disant d'une voix forte aux juges qui ne semblaient pas lui prêter attention :
- Merci pour votre vénérable attention.

Pourquoi fallait-il que ce soit aussi long ? Museau de Pluie patientais depuis au moins une demi heure. L'évaluation le stressais et il aurait voulu passer en premier, pour éviter le stress de la file d'attente. Parmi ceux dont il faisait parti, les tributs pas encore passés dans la salle d'évaluation, il vît la chatte noire qu'il avait rencontré à l'entrainement, il croisa son regard et lu le même stress que le sien. Avec un peu de peur. Il s'efforça de soutenir son regard d'un air de dire: Tout va bien, tu vas y arriver... Elle fût alors appelée. La peur faisait trembler ses membres mais elle avança la tête haute dans le couloir menant au supplice. Quand il ne la vît plus, Pluie se sentit étrangement seul. Il baissa la tête et ferma les yeux. Et il laissa son esprit vagabonder... Sur les terres des Clans. Il senti ses pattes frôler le sol, le vent pénétrer dans sa fourrure, la montée adrénaline lui piquer la peau. Il vivait, tout simplement. Il se sentait libre et rien ne pouvait l'arrêter, sauf peut-être la falaise vers laquelle il se dirigeai. La falaise Lunatique. Lunatique. Lune Oubliée. Il tomba une nouvelle fois dans la nostalgie. Il la voyait, devant lui. Il s'approcha lentement, n'osant pas la brusquer, de peur qu'elle parte sans crier gare. Son odeur venait lui titiller les narines... S'en était trop ! Il couru vers elle aussi vite qu'une ombre courait sur un mur et il la vît se retourner. Il s'arrêta net. Ses yeux avaient la même intensité que quand il l'avait laissée. Elle lui sourit.

-Museau de Pluie !

Ce n'était pas la voix de Lune, mais une voix forte, puissante.

-Museau de Pluie !

Il ouvrit les yeux et vît un chat se diriger vers lui.

-C'est à toi

Pourquoi fallait-il qu'il soit choisi pour ces jeux ? Il ne voulait qu'une chose: retourner chez lui et la voir, l'amour de sa vie, qu'il avait laissée seule... Il s'en voulait terriblement. Alors qu'il s'enfonçait dans le couloir sombre guidée par ses vibrisses, il sentit une présence...Courage, j'ai confiance en toi... Gagnes pour nous... Il reconnut illico la voix de sa bien aimée et il reprit tout de suite confiance, soudain animé d'une énergie nouvelle. En entrant dans la salle la tête haute et les yeux inchavirables, il vît les juges hauts-perchés, les yeux rivés sur lui.

-Il était temps...entendit-il.

Il ignora la remarque et se rapprocha des orbes. Il prit la même que lors de l'entrainement, l'orbe lance. Il attacha le harnais avec peine et fît se lever doucement la lance dans les airs. Il se concentra sur le milieu de la cible qui se tenait à 20m de lui et laissa Lune le guider. Il lança son arme et son souffle se coupa, ainsi que celui des juges. Il risqua un regard sur la cible... Il avait tiré dans le mille. En plein milieu de la cible. Son énergie était épuisée mais il savait que tant qu'il penserait à Lune Oubliée, il retrouverait toujours le courage d'accéder à la première place. Il s'acharna sur quelques pièges après avoir enlevé le harnais et finit par de l'escalade. Il n'avait pas fait un atelier de plus et sorti de la salle rayonnant. Dans le mille ! De quoi rattraper ses autres compétences merdiques. En sortant de la salle, il attendit un compliment de sa compagne, un signe, quelque chose... Mais rien n'arriva.

Quelle horreur...
Chaque seconde qui passait, je le savais, me rapprochait un peu plus de la mort, et cette perspective m'empêchait de dormir depuis mon arrivée au clan Suprême...
Je m'y sentais mal. L'air, la nourriture, le paysage, les chats, rien n'était pareil à ce que j'avais connu depuis ma naissance. Seuls les autres tributs me rappelaient ma vie d'antan...
Survivre... Ma rose, elle, perdait ses pétales, peu à peu. Elle ne serait bientôt qu'une tige surmontée de quelques larmes rouges sang, et la mort me rattraperait, comme tant de chats avant moi...
Je vis, un a un, les chats partir, et j'eus l'impression stupide qu'ils partaient pour ne jamais revenir... Lorsque Museau de Pluie disparut de ma vue, je sentis mon petit cœur malmené se déchirer encore plus... Je n'avais plus rien, rien que cet espoir insensé et fragile, qui me faisait tenir debout. Parce qu'imaginer un seul instant que je mourrais dans cette arène déserte et froide m'était insupportable.

Lorsqu'on m'appela, je me levai et partit à petit pas, essayant de paraître imposante, bien que ce soit peine perdue... J'étais minuscule, et je me sentis comme une pauvre souris au milieu de tout ces juges aux regards durs tournés vers moi, quand il me regardaient du moins... Car la plupart ne s'intéressaient qu'au plateau plein de souris qu'on venait d'apporter.
Je humai l'air. Des souris à l'orange... Quelle horreur ! J'en eus un haut-le-coeur, mais je me repris, et regardait autour de moi. il fallait que j'attire l'attention... J'eus alors une idée, une idée désespérée certes, mais je n'avais rien à perdre.
Je passai dans m'arrêter devant tous les stands, à quoi bon ? Je ne savais rien faire. Je pris mon élan, et, d'une détente puissante (enfin, plus ou moins...), je me propulsai droit vers le mur, et je sentis mes griffes crisser lorsque je m'accrochai à la paroi.
J'attrapai, d'une patte, une sorte de source de lumière accrochée au mur, et, sans plus y réfléchir, je m'y agrippai de toutes mes forces pour atteindre une autre source de lumière suspendue au plafond. Teissi m'avait dit qu'on appelait ça une lampe, mais on aurait plutôt dit un petit soleil...
Je me mis donc debout sur cette plateforme suspendue, assez étroite. Je sentais la chaleur du minisoleil sous mes pattes. Les juges me regardaient ! Bon, c'est pas avec ça que j'aurais la meilleure note, mais je m'étais, je crois, démarquée. Je sautai donc de petit soleil en petit soleil (enfin de lampe en lampe, mais je préfère petit soleil, ça me rappelle chez moi...), puis, arrivée au dessus du stand des plantes, je sautai dans le vide, pour atterrir sur le toit du stand. Je me fis un peu mal aux pattes, mais je n'en montrai rien, et je sortis la tête haute sous le regard des juges, qui ne savaient pas vraiment comment réagir. J'attend ma note maintenant...

J'allais survivre.
J'avais confiance en mes capacités, une coach qui fera tout, je pense, pour qu'on survive. Certes, mon clan était le plus pauvre, mais je serais le premier chat de mon clan à gagner... L'optimisme, bien que difficile à garder, restait présent en moi. Je devais gagner ! Pour moi, pour mon clan, pour notre honneur.
Je vis donc tous ces chats partir, les uns après les autres, dans cette salle. J'avais déjà tout préparé, j'allais leur offrir du spectacle, vous pouvez compter sur moi.
Aussi, dès qu'on m'appela, je sautai sur mes pattes, et entrai à toute vitesse dans la salle, sous le regard des juges, que je ne regardai même pas, me précipitant tout droit vers le simulateur de combat. J'y entrai sans hésitation, et je tuai les premiers chats sans difficulté. Le 6ème niveau me posa plus de problèmes, et, je l'avoue, je commençai à fatiguer. Je me rendis finalement au 8ème, et ressortis sous le regard soudain plus intéressé de mon public. Bon, bah ce que j'avais prévu s'arrêtait là, j'avais plus qu'à improviser maintenant...

Je me souvins soudain, dans un flash, du pari que j'avais fait avec une ami lorsque j'étais apprenti. Le but ? Courir à toute vitesse vers un arbre, puis y sauter et me propulser vers un autre. La classe. Problème, pas d'arbre en vue, ici. Je décidai donc de prendre le mur, et m'y précipitai, sans plus y réfléchir. La surface un peu rugueuse m'écorcha les coussinets, et je put retenir un grognement de douleur. Malgré tout, je me propulsai de toutes mes forces, et j'atterris sur le toit du stand des pièges.

Je me sentis soudain fort, bien supérieur à ces Suprêmiens grassouillets et paresseux, se cachant derrière des jeux stupides pour survivre. Tout mon être vibrait d'un sentiment de puissance, et mon corps bourré d'adrénaline laissa s'échapper un grondement victorieux, qui fit sursauter les juges, et résonna partout dans le silence. Mes coussinets me faisaient un mal de chien, mais je tâchai de ne pas le montrer, malgré l'atroce douleur qui irradiait mes pattes. La dénommée Galewen -j'avais entendu son nom à l'entraînement- me congédia, et je sortis fièrement, la tête haute. Lorsque je fut sorti, en me retournant, je vis que mes pattes avaient laissé un trace sanguinolente sur le sol, et je souris. C'était stupide, mais j'avais l'impression d'avoir marqué, par ces tâches de sang, la salle à tout jamais...

Hunger Games ou pas, j'étais cheffe et je devais le rester...
A ce propos, je me demandais bien ce qui allait se passer si je mourrais dans l'arène, vu que je ne suis pas censée avoir plusieurs vies... ? On verra bien.
J'avais donc, avec Helwyn, préparé avec soin mon attitude, la partie de moi à montrer aux Suprêmiens avides de spectacle. J'avais préféré garder ma partie chef, et ce jusqu'à ma mort. Les membres de mon clan avaient besoin de me savoir encore entière et fidèle à moi-même.

J'avais donc adopté une attitude sage et mystique qui ne me quittait plus depuis. Je m'asseyais bien droit, je regardait ce qui m'entourait d'un oeil calme mais éveillé... Je voulais inspirer le respect, c'était tout.
Je voyais bien que les autres tributs étaient réticents à l'idée de tuer un chef, et moi j'étais réticente à profiter de leur hésitation pour les tuer une fois le moment venu. Je tentai de ne pas y réfléchir, mes objectifs actuels me suffisaient amplement...

Je me présentai donc à l'évaluation sans laisser paraître mon appréhension. Allais-je réussir mon petit numéro ? allais-je garder mon rôle jusqu'au bout ? Tout cela n'était qu'une comédie morbide, en fin de compte. Etre un autre pour plaire au clan Suprême, garder son honneur même aux portes de la mort, voilà quel était notre objectif à tous.

Regarder les autres chats partir sans ciller fut le plus dur, mais je m'y tint, et lorsque mon tour arriva, j'entrai sans une hésitation, et saluai avec sagesse les juges. Je remarquai des traces de pattes ensanglantées, mais je n'y prêtai pas attention : j'avais un objectif bien en tête. Je me dirigeai vers l'orbe de l'épée. Quelle idée de prendre leurs armes aux bipèdes pour les utiliser dans l'arène ! Mais bon, je ne referais pas le monde ainsi... Je m'harnachai donc rapidement, puis me concentrai sur l'épée, jusqu'à me sentir ne faire qu'un avec l'arme... Une sensation troublante, pas franchement agréable à vrai dire, mais je tâchai de ne pas y penser, et soulevai avec lenteur la lame massive. Une fois convenablement relevée, je relâchai la pression de mon esprit, et l'arme alla couper un membre au mannequin, évitant de peu la tête. Après quelques coups supplémentaires, j'abandonnai ma cible déchiquetée pour le combat.

J'étais une bonne guerrière. A moi de jouer.
Lorsque les premiers adversaires arrivèrent, je sentis mon corps bouger sans mon consentements, en cette sensation fantastique qui m'envahissait à chaque combat. Je n'appartenait plus à mon corps, mon corps ne m'appartenait plus. J'étais spectatrice de mon propre combat... Je terrassai avec fougue chaque chat se présentant à moi, et lorsque l'un d'entre eux réussit à me vaincre, je sortis, épuisée mais triomphante, sans quitter une seconde mon rôle. Je m'inclinai à nouveau devant les juges, puis je sortis, marchant par mégarde sur les tâches de sang qu'avait laissé le tribut précédent....