(L1) Que l'Entraînement commence.. [PV: Nuage de l'Aube]

L’assemblée de clan finit et quelques petites choses misent au point, je me dirige vers la Prairie Ensorcelé, le terrain le plus plat de nos terres, de là, nous aurons une vue d’ensemble, impossible de ne pas voir une proie approcher, bien qu’elle aussi nous verra surement, c’est surtout la défense que je veux travailler aujourd’hui. Et surtout, tester ces connaissances et idées, je veux voir si elle sait improviser et se débrouiller par elle-même.. D’ailleurs, où est-elle ? Je ne la vois plus à mes côtés, ma tête se tourne d’un côté, puis de l’autre, et je ne la vois toujours pas, je tends l’oreille et m’aperçois qu’elle est derrière-moi, à quelques mètres seulement, du moins, il me semble. Je me suis mise à courir plus vite, comme pour.. Je ne sais même pas pourquoi, je n’ai pas d’exemple sous la main, mais je me laisse gagner par la vitesse, et laisse en arrière mon apprentie, qui saura, je le pense, retrouver ma trace, le chemin est toujours tout droit ou presque, de toute façon. Le vent passe dans mon pelage et l’ébouriffe, mais qu’importe, pendant un court laps de temps, j’oublie mes inquiétudes et tente de calmer mes nerfs, qui eux, me semble au bord de l’implosion nerveuse, j’ai tellement peur que Nuage de l’Aube soit choisie à la prochaine lune sanglante ! Ou pire encore, qu’intrépide et irréfléchie comme peuvent l’être certains apprentis, elle souhaite participer ! Mais je l’espère prudente et réfléchie, et prie pour qu’un tel malheur n’arrive, l’idée même que je ne puisse pas terminer son apprentissage, ou qu’elle ne sois plus là pour l’achever me glaçant le sang, je ne veux pas revivre ça, pas qu’elle vive ça, achever un entraînement seule, sans mentor..
Je m’arrête ensuite, pour finir le peu de trajet qu’il reste en marchant, de sorte que mon apprentie est moins de mal à me rattraper, je ne veux pas non plus l’essouffler, quoiqu’un peu de fatigue pourrait être plus instructif pour un combat.. Je préfère lui apprendre à se défendre, à trouver à manger, à grimper aux arbres, à repérer les animaux dangereux, à bien évaluer un combat avant de s’y engager, lui apprendre à nager, à éviter les plantes dangereuses et trouver celles qui peuvent soigner.. Un tas de chose à lui apprendre en perspective, et encore, c’est loin d’être tout ce qu’il me faut lui enseigner.
Je m’arrête enfin, car ça y est, je suis à la prairie, assise, à attendre mon apprentie qui arrive, quand bientôt, un besoin instinctif de m’assurer que le terrain est sécurisé naît en moi.. Et je me relève, avant de faire le tour du terrain, préférant vérifier les éventuels problèmes, apparemment, personne n'à franchit la frontière de ce côté-là, aucune odeur d'un autre clan, c'est déjà ça, mais vite, l'idée qu'un renard ou un blaireau soit dans les parages m'inquiète, et je me dépêche donc de faire le tour, de vérifier les odeurs, les trous qui pourraient être des terriers, puis va à la rencontre de mon apprentie, que je sens arriver, aller, j'inspire, je souffle, maintenant, son entraînement commence.
Une lueur déterminée s'installe au fond de mes yeux et je m'assoie, l'apercevant qui arrive..

Nuage de l'Aube déboula ensuite, et fit un écart aux derniers instants, manquant de peu de me rentrer dedans, et fit un étrange saut avant de rouler sur elle-même et de tomber contre l'herbe verte. Quand elle se releva, un petit sourire amusé étirait mes traits et je la regardais, sa fourrure et son museau pleins d'herbes et de feuilles, d'un léger mouvement de la queue, j'enlevais les quelques herbes qui s'étaient posées sur son museau et regardais ces yeux, qui me semblèrent déterminés et optimistes, mon sourire se mua en un sourire plus simple et plus joyeux et elle me demanda;

- Alors ? On commence par quoi ?

- Je pense que nous allons déjà voir quelques positions défensives. Surtout, si tu as des idées ou que tu ne comprends pas, dis-le moi.

Je la regarde, toujours souriante, avant de m'éloigner en lui tournant autour.

- Voyons tes réflexes..

Et je continuais de lui tourner autour, prête à fondre sur elle au moment venu, moment qui ne tarda pas. Je m'élançais, profitant d'un moment où elle sembla moins concentrée pour lui sauter dessus, griffes rentrées, évidemment. Je me demandais bien comment serrait sa réaction..

De suite, Nuage de l'Aube banda ses muscles, sans doute par automatisme, un bon automatisme si elle arrivait à bien s'en servir. A ne pas se laisser déstabiliser. Oui, c'était sont premier entrainement, mais il fallait aller vite, et surtout, faire bien. La lune sanglante pouvait tomber à tout moment, et elle pouvait être désignée. Ayant en horreur cette hypothèse, je devais tout de même l'envisager, pour entraîner au mieux mon apprentie. Je voyais ces petits yeux d'or qui me suivaient du regard, oui, c'était bien, ne pas se laisser surprendre, regarder son ennemi, par contre, il me semblait qu'elle se concentrait trop sur moi; si quelqu'un d'autre l'attaquait, par derrière, elle ne le verrait surement pas venir, plus tard, je lui en parlerais, pour éviter qu'elle fasse l'erreur de se focaliser sur un seul chat, l'ombre pouvait en cacher d'autres. Mais bientôt, je la vis qui se perdait. Dans quoi ? La contemplation d'un papillon qui vint virevolter près d'elle. C'était typique, mais dans un combat, elle n'aurait pas d'autres chances, ainsi, j'en profitais pour bondir, voulant voir si, dans un combat, elle aurait sut se débrouiller un tant soit peu.
En m'apercevant, mon apprentie poussa un cri, j'y décelais de la surprise et, aussi, de la colère, s'en voulait-elle d'avoir été si facilement distraite ? En tout cas, son instinct ne lui fit pas faux bond et elle s'écarta rapidement, déviant légèrement de ma trajectoire, et, en atterrissant, je lui frôlait le museau de mes pattes avant; elle roula sur le côté. Et, vive d'esprit, elle eu la bonne idée de se faire rouler encore un peu, pour arriver plus loin, mettre de la distance entre nous. Elle se releva ensuite, tandis que je reprenais ma ronde, me rapprochant d'elle.

- Sais-tu à quoi sers ces ronds autour d'un adversaire ?

J'attendais d'être sure d'avoir capté son attention, et poursuivais, tout en tournant autour d'elle.

- C'est pour essayer de trouver les failles de l'adversaire, s'il a été blessé récemment, s'il s’appuie moins sur une de ces pattes, ou s'il est distrait, de pouvoir directement viser son cou ou son ventre.

En arrivant tout près d'elle, je m'arrêtais, et, d'un petit coup de queue, lui donnait une pichenette sur le front, en ajoutant;

- En parlant de distractions, je sais que c'est le début, que tu viens de commencer, mais, en tant que mentor, je me dois d'être exigeante, il faut vraiment que tu apprennes à te concentrer sur quelque chose sans te fermer au reste, et sans passer à autre chose dès que ça passe à côté de toi.

De ma queue, je désignais ce qui me faisait face, et ce qui était donc derrière elle;

- Un chat aurait put se tenir ici, prêt à t'attaquer, en attendant que je te distrais. Sinon, tu as de bons réflexes, mais il faudra tout de même les améliorer, avec plus de technique.


Je marquais maintenant une pause, avant de jeter un coup d'oeil sur le lieu, nous étions seules, et la prairie était donc à nous.

- Maintenant, essayons un autre exercice, en lien avec celui là. Je te poursuis, tu essaie de ne pas te faire attraper, comme tu es plus rapide, tu n'auras peut être pas beaucoup de problèmes pour ça, mais tu verra, au bout d'un moment, il faudra bien que tu attaques ou trouve quelque chose pour me semer, ah, par contre, on reste ici, dans la clairière.

En disant ces mots, je m'étais assise, attendant qu'elle commence à courir, je lui laisserais le temps de démarrer, voulant voir comment, en pleine action, elle pouvait élaborer des plans.

Mon apprentie eu l'air de trouver étrange cette technique, que j'avais acquise il y a des lunes de cela. L'utilité, on la voyait au fur et a mesure. Au début, c'est vrai, je n'y avais rien vu de plus que de quoi me donner le tournis, mais finalement, c'était vraiment utile. Cercler sa proie pour la garder en vue, pour trouver ses points faibles, l'épuiser moralement, trouver le moment idéal pour attaquer. Nuage de l'Aube était intelligente, et sembla comprendre ce que je lui disais. Oui, le combat est un art difficile. La vie s'y joue, des guerres aussi. Voilà pourquoi je me devais de lui en apprendre le plus possible. Dans ces yeux, je décelais une détermination nouvelle, comprenait-elle l'importance du combat ? Mais moi, surtout, ce que je voulais lui apprendre, c'étais de mélanger ces connaissances, les brasser, trouver de nouvelles choses, avoir des techniques bien à elle. Ma jeune apprentie sembla contente de cet exercice. Avait-elle vue le piège ? Le flairait-elle seulement ? Si elle partait trop rapidement dès le début, elle serait bien obligée de s'arrêter, n'ayant pas le droit de sortir de la clairière. Mais, avant que je ne pus m'assurer de ces quelques points, elle s'ébroua puis il y eu un moment d'attente. Tentait-elle de mettre au point quelque chose ? Si c'était le cas, je l'en félicitais ! Elle se mit ensuite à courir. Elle filait, ventre à terre, vers la limite de la clairière. Qu'essayait-elle de faire ? Les yeux plissées, tentant de comprendre son idée, je la suivais, gardant mes distances pour économiser mes forces. Si elle allait trop vite, elle s'épuiserait, et moi, je n'avais pas à m’essouffler si bêtement. Elle rasait l'herbe, et je ne la quittais pas des yeux, analysant chacun de ses mouvements, guettant un piège ou un essaie de technique. Je remarquais que ces oreilles se tournaient dans ma direction, elle essayais de voir où j'en étais, derrière elle, sans se retourner ! Une bonne chose, qui lui permettait de rester concentrer sur ce qui se passait devant elle, tout en connaissant approximativement ma position. Evidemment, je ne la laisserais pas utiliser cet avantage et je me faisais donc plus discrète, veillant à ce que mes pattes ne fasse rien craquer et surveillant mes foulées pour les régulariser. Tentant à mon tour quelque chose, je bondissais avant une foulée et atterrissait sur un tronc d'arbre. De là, je me propulsais en avant à l'aide de mes pattes arrières, et arrivais juste derrière mon apprentie, lui lançant;

- Nuage de l'Aube, il est temps que tu essaie quelque chose.

Oui, nous ne pouvions pas courir indéfiniment, et je la trouvais endurante, pour une apprentie, attendre de l'épuiser serait long et inutile pour moi, pas forcément lors d'un combat, mais nous n'y étions pas encore. Et moi, là, j'avais hâte de voir ce qu'elle imaginait. De la voir essayer quelque chose.