Première nuit au Clan Suprême.

-Je t'ai bien formée. Rends moi fière, et surtout, gardes le sourire, quoi qu'il se fasse.


Ce fut la dernière chose qu'un chat normal me dit avant que je franchisse les portes de l'Enfer. Ces créatures multicolores me poussèrent jusque dans un train bien trop grand et bien trop spacieux pour de simples chats comme nous, car c'est ce que nous sommes dans la Nuit Noire : des chats, et non pas des perroquets au diverses teintes flamboyantes. J'ai toujours haïs le Clan Suprême. Il m'a tout pris : ma mère, ma sœur... et le clou de spectacle : mon avenir. En même temps, qu'es que j'en aurai fait ? J'aurai passé ma vie à me ressasser des souvenirs que je suis la seule à pouvoir comprendre. Je n'aurai jamais aimé, car j'aurai eu trop peur que mes chatons vivent le même enfer que moi dans ma jeunesse. Voir leur parents partirent pour ne jamais revenir. Voir à quel point le monde dans lequel nous vivons est un cauchemar.


Le train vibra, et je sus que s'était fini. Jamais je ne reverrai ces terres où j'ai passé mon enfance. Envolé les balades nocturnes, les nuits à rêver d'un autre monde. A la place, me voilà condamner à regarder la mort approcher à grand pas, souriant déjà à l'idée de bientôt recueillir onze âmes terrifiées. Le temps que je m'effondre de dépit sur un coussin bien trop mou à mon goût, le paysage se mit à défiler de façon vraiment trop rapide.

Puis, doucement, je tente de me calmer et d'observer se qui m'entoure. Mauvaise idée, car chacun de ces objets nouveaux me répugne un peu plus. Tout est fait pour être joli à l'œil, mais franchement, la moitié des choses présentent ici ne servent strictement à rien, du moins pour un chat venu d'un clan. Toutes ces couleurs vives me donnent le tournis. Je finis par m'étaler un peu plus loin, et me mit à contempler le paysage qui défilait sous mes yeux.


Je me sens libre en voyant un tel paysage. J'ai la bête impression que je peux franchir le verre un tout instant, et que je pourrais m'enfuir d'ici sans jamais revenir. Je sens presque l'herbe fraiche craquer sous mes coussinets. Tant de nostalgie menace de me faire sombrer, mais qu'importe. Je veux être au moins une fois heureuse dans le peu de jours qu'il me reste à vivre. Alors que mon esprit vagabondai quelque part dans le Clan de la Nuit Noire, un muet me sort de ma bulle, et me fait comprendre que c'est déjà la fin du trajet, que je ne suis plus là bas, mais ici, au Clan Suprême.

La maison des tributs. Nous y voilà. La décoration est encore plus superficielle que celle du train. Un énorme buffet est mit au milieu de cette salle, mais je n'y prête pas attention. Une haine sans limite me prend. Alors que nous, clan, nous nous tuons à nourrir tant bien que mal les nôtre, le Clan Suprême lui étale ses richesses en … en … en objets ridiculement inutiles et en nourriture surement immonde ! Mon pelage se dresse de lui même, et la chose que j'ai vraiment envie de faire à cet instant, c'est de m'enfuir loin, très loin d'ici. Je sais que Nuage du Tigre doit me prendre pour une pauvre folle, mais je m'en fiche. Ici, je n'ai pas besoin de cacher qui je suis, car aucune caméra ne me surveille. C'est donc sans lui adresser un regard que je fonce vers ma chambre, même si je crains se que je vais y découvrir.

Quand j'entre dans le lieu voulu, je suis heureuse de voir que seul les lumières de la ville provenant de l'immense fenêtre l'illumine, même si ce que je vois ne me réjouit pas plus que ça. Guidée par ces lumières artificielles, je fais rapidement le tour de ma chambre. Je m'assois sur le lit, essayant tant bien que mal de me calmer. Je me répète la phrase d'Étoile de Lumière en boucle tandis que je m'assoupis doucement sur les couettes et autres couches de couvertures, ne prenant même pas la peine de me glisser en dessous. Je sais que Nuage du Tigre ne viendra pas, il ne m'aime pas, comme la majorité des chats de mon clan. Je sais que si je m'ouvrais un peu plus, je serai beaucoup appréciée par les autres. Mais je n'ai pas envie de me confier à n'importe qui, et les rumeurs circulent bien trop vite à mon goûts. Et de toute façon, s'est trop tard. C'est sur cette pensée que je m'endors.


Me voilà repartit à milles lieux d'ici. 10 lunes en arrière, le même jour. Et quasiment le même chat qui s'avance vers les suprêmiens, protégeant de son corps une petite boule de poil grise. Ses crocs s'écartèrent, et avant que je ne me réveille en criant, j'eus le temps de l'entendre dire d'une voix puissante :



« - Je me porte volontaire comme tribut ! »