« Guerriers, en avant ! »
La voix du meneur sonna comme une insulte à travers le silence lourd, en une sorte de mélange entre l’appréhension, l’espoir simulé et le fatalisme. Le vent battait la plaine, courbant l’échine des matous, et sans prononcer un mot, ils se mirent en chemin sous la morsure glaciale de l’hiver. Sans tourner la tête, ils s’éloignèrent de la terre de leurs ancêtres, qui pendant des hivers avaient été leur camp et leur chez-eux, le théâtre de leurs cris et de leurs amours, avec dans le cœur la certitude qu’ils ne le reverraient jamais. Derrière eux, on apercevait les lumières jaunes des monstres, sans cesse plus près, sans cesse plus menaçants, sans cesse plus monstrueux.
Ils ne savaient plus quand est-ce qu’ils avaient réalisé qu’ils s’étaient laissé prendre au piège.
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